Glissez vous dans un bain de bois

Venez vous glisser dans un bain aux multiples vertus ni trop chaud ni trop froid aux douces effluves aromatiques 100% naturels ! Celui-ci ne rend pas ramollo, il est écologique et gratuit, idéal pour la circulation sanguine, la gestion du stress, l'activation du système immunitaire et bien plus encore. Alors, partons nous promener. 

Dans un numéro de Passion Rando publié à l'automne 2014, Hubert Reeves témoigne : 
"J'aime beaucoup marcher dans la forêt. Les japonais appellent cela des "bains de bois" : vous partez seul dans la forêt, puis vous marchez, vous ne pensez à rien. Vous vous laissez pénétrer par les arbres qui vous parlent d'une certaine façon. Et il y a quelque chose qui se passe. Un contact s'établit entre vous et cette présence végétale."

Le shinrin-yoku

Le Dr Qing Li, professeur à la Nippon Medical School de Tokyo et président de la Japanese Society of Forest Medicine créée en 2007, a mené un certain nombre d'expériences pour tester les effets de l'immersion en forêt sur les humeurs, les niveaux de stress et sur le système immunitaire. Le shinrin-yoku est une pratique populaire japonaise introduite en 1982 par l'Agence Forestière du Japon pour encourager la population à un mode de vie plus sain et moins stressant. Echapper au bruit, à la pollution et s'offrir un temps d'oxygénation et de sensitivité loin de l'agitation et des pressions citadines ne peut être que des plus favorables à la santé, les résultats scientifiques aussi en concluent. Les bains de bois ont un impact positif sur notre équilibre physique, émotionnel et psychique : augmentation de la vitalité, renforcement du système immunitaire, augmentation de l'activité des cellules NK (Natural Killer ou cellules tueuses naturelles) qui tuent sélectivement les cellules tumorales ou infectées, diminution des symptômes liés à l'anxiété et à la dépression, diminution de la colère, effet bénéfique sur l'hypertension...

S'il est vrai qu'au Japon plusieurs conditions rendent cette pratique particulièrement facile à mettre en place (les forêts occupent 67% et sont facilement accessibles et les arbres présents tels que le cyprès, le cèdre, le hêtre et le chêne se sont révélés être efficaces pour augmenter l'activité des cellules NK), les bains de bois sont expérimentables partout et par tous. 

Les conseils du Dr Li pour un bon bain de bois :

• Durée : petit bain de bois de 2h environ avec une marche de 2,5 km, moyen bain de bois de 4h avec une marche de 5 km ou immersion totale de 3 jours avec deux nuits sur place pour des effets significatifs sur le système immunitaire. 
• Ce n'est pas l'exercice physique intense qui est recherché, ce qui est important c'est de s'asseoir dans un endroit qui nous plait, rester, profiter, savourer, goûter la forêt à travers nos 5 sens "le murmure d'un ruisseau, le chant des oiseaux, la couleur verte, le parfum de la forêt, manger certains aliments de la forêt et juste toucher les arbres ".

Les bienfaits du bain de forêt persistent environ 1 mois après deux jours de marche.

Bon ça c'était pour la ludicité des précisions scientifiques et japonaises, maintenant qu'importe la formule, sortons, allons marcher, prenons l'air, mettons nous au vert, respirons, seul(e) ou en compagnie, les pieds nus dans l'herbe, les mains dans la terre ou le nez dans les fleurs, allons là où c'est bon pour nous. 

Et pour entrevoir votre promenade d'un autre oeil... le saviez vous ?

La peau possède des récepteurs olfactifs ! 

Les récepteurs olfactifs ne se situent pas que dans le nez. Les chercheurs de la Ruhr-Universit-t Bochum ont découvert que les cellules de la peau possédaient un récepteur olfactif pour l'odeur de bois de santal. Quand celle-ci est en contact avec cette odeur, la prolifération cellulaire augmente et la cicatrisation s'améliore. En plus de l'OR2AT4 (petit nom de ce récepteur sensible au bois de santal) les scientifiques ont trouvé un grand choix d'autres récepteurs olfactifs dans la peau qui présenteraient un potentiel cosmétique et thérapeutique. En cette saison, ça tombe bien, on délaisse doucement les épaisseurs vestimentaires pour se laisser respirer à pleine peau ! 

Nature et activation des zones cérébrales

Le fait de regarder des images de nature entraine une activité accrue dans le cortex cingulaire antérieur (rôle dans une grande variété de fonctions autonomes comme la régulation de la pression artérielle et du rythme cardiaque, mais aussi dans la stabilité émotionnelle, l'altruisme, l'empathie) et le cortex insulaire (principalement lié aux émotions et à la régulation de l'homéostasie du corps) tandis que la contemplation de paysage urbain augmente l'activité de l'amygdale cérébrale. "Cerveau et Psycho" de décembre 2012

Imaginons donc les effets bénéfiques quand l'image devient un paysage réel et sensoriel...

Une autre étude a démontré que vivre à proximité de la nature augmentait l'espérance de vie. L'analyse de sang de deux groupes de volontaires ayant effectué une balade dans les bois ou en ville, a montré une baisse significative du taux de cortisol, l'hormone responsable du stress, chez ceux qui sont allés dans la nature. Et petit clin d'oeil : marcher dans la nature apporte des bienfaits même si l'on n'apprécie pas la promenade. 

A la découverte de l'intelligence végétale 

Le magazine Science & Vie a consacré un numéro à l'intelligence des plantes (mars 2013) : reconnaissance entre parentes, solidarité, ruses, capacité de mémoire, télécommunication chimique par voie aérienne (les plantes s'avertissent mutuellement au moyen de molécules volatiles), communication souterraine (via des champignons racinaires), séduction des insectes et des oiseaux (formes, couleurs, odeurs) pour faire voyager leurs graines, sensitives (environ 700 sortes de capteurs sensoriels ont été recensés : mécaniques, chimiques, lumineux, thermiques...), réactivent aux ondes sonores, aux ondes électromagnétiques et aux champs magnétiques locaux... les plantes se révèlent particulièrement sophistiquées dans leur fonctionnement et dans les nombreuses stratégies qu'elles déploient pour assurer leur survie. 

Les grands arbres en forêts tropicales peuvent même déclencher des pluies par l'émission de molécules chimiques qui vont piéger la vapeur d'eau en suspension dans l'atmosphère pour leur éviter de souffrir de la sécheresse. Le langage des arbres, france info

Un autre regard sur les arbres, une interview d'Ernst Zürcher : Un autre regard sur les arbres, france culture

Faire un câlin à un arbre

Si en chine, il est culturel d'enlacer un arbre, nous n'osons pas toujours nous adonner publiquement à cette effusion. N'hésitons plus ! Enlacez un arbre, choisissez-le ou laissez vous choisir. Allez vers celui qui vous attire par sa forme, par ses couleurs, sa corpulence, son écorce, sa vibration. Vous pouvez aussi adosser votre dos contre lui et sentir si cela fait une différence un contact par l'étreinte ou par le dos (le premier permet de se décharger et l'autre de se recharger). 

Jouons avec le mycobacterium vaccae pour un effet antidépresseur 

L'exposition au mycobacterium vaccae, une bactérie vivant naturellement dans le sol, pourrait avoir l'effet d'un antidépresseur naturel en stimulant un ensemble de neurones produisant de la sérotonine et de la noradrénaline dans le cerveau (même cible d'action que le Prozac).  En jouant avec la terre nous stimulons donc des cellules du cerveau qui améliorent l'humeur, réduisent l'anxiété et facilitent l'apprentissage. Cette bactérie pourrait également jouer un rôle au niveau de l'immunothérapie pour le traitement de l'asthme allergique et du psoriasis. 

Les résultats suggèrent que l'inhalation de cette bactérie en se promenant tout simplement dans la nature ou en jardinant dans son jardin pourrait aider à susciter un état d'esprit joyeux. Le mycobacterium vaccae peut également être ingéré par les sources d'eau ou en mangeant des salades ou des carottes du jardin. (discovermagazine.com/2007/jul/raw-data-is-dirt-the-new-prozac).